Bouts de Nous

Ce matin, en déjeunant face à la fenêtre, du haut de notre 7ème étage, j'ai été happé par le spectacle des hirondelles. Elles étaient très nombreuses, volaient toutes dans le même sens, il y en avait qui passaient tout près, et d'autres au loin toujours dans la même direction. Habituellement je vois des mouettes, des tourterelles, mais pas d'hirondelles, surtout en aussi grand nombre d'un coup. Je ne m'étais aps rendue compte qu'elles étaient revenues.

Je suis partie quelques instants dans mes souvenirs d'enfant. Ma grand-mère maternelle admirait les hirondelles et m'a souvent parlé de celles qui nichaient tous les ans dans sa grange, qu'elle voyait passer et repasser pour nourrir les oisillons et quelle regrettait aux 1ers froids lorsqu'elles se rassemblaient pour partir.... L'hirondelle me fascine et vous savez pourquoi ?

Parce qu'elle est capable de faire plus de 10000 Km avec pour seul carburant quelques grammes de graisses. Pourquoi cette petite bête atteignant tout juste 20 grammes ressent-elle, à la mauvaise saison, la nécessité de parcourir cette distance ? Pour réaliser cet exploit, elle utilise le vol battu, c'est à dire que ses ailes sont presque toujours en mouvement. Difficile à croire et pourtant ! Heureusement nous l'acceillons souvent chaleureusement à son retour d'Afrique, en lui ouvrant granges, étables et garages. En général le printemps l'accompagne !

La présence de zones de chasse est primordiale dans l'installation des couples d'hirondelles. Ces zones sont tous les pâturages, prairies, bocages, marais, étangs, cours d'eau, parcs et jardins qui sont propices à la présence d'insectes. L'hirondelle chasse et s'abreuve en vol, il lui est donc nécessaire de disposer de zones dégagées pour la chasse et de points d'eau. La présence de boue est nécessaire au moment de la construction du nid. L'hirondelle choisit en priorité des étables, écuries et diverses granges pour bâtir son nid ; l'idéal étant que le plafond comporte des solives. Le nid a la forme d'une moitié de coupe d'environ 20 centimètres de diamètre et une 10zaines de centimètres de profondeur. Il est construit par les deux parents avec des brindilles sèches cimentées par de la boue. L'hirondelle récupère de la boue dans des flaques d'eau, puis la malaxe pour lui donner la forme de petites boules qu'elle vient ajouter à la construction. Pour ajouter à la solidité, l'hirondelle ajoute à ce torchis de la paille, des crins d'animaux et à l'occasion des plumes de poules. Quel travail et quelle finesse !

Lorsque le temps est beau et que la sécheresse n'est pas trop grande, 8 jours suffisent pour achever cet ouvrage. Les 1ères pontes ont lieu de fin avril à juin. La femelle pond donc de 3 à 6 œufs qu'elle va couver durant 14 à 15 jours, grâce à sa plaque incubatrice (partie du ventre de la femelle dégarnie de plumes pendant la couvaison), la femelle va assurer une température constante des œufs. Le poids culminant des jeunes est atteint à leur 13ème jour où ils peuvent atteindre l'honorable poids de 22 grammes, soit tout de même 5 grammes de plus que les parents. Ce surpoids sera rapidement perdu notamment du fait de la fabrication des plumes.

Les 2 parents chassent en vol des insectes qu'ils agglutinent dans leur bec avant de les livrer à leur progéniture. Les allés et venus des parents peuvent se répéter près de 400 fois par jour. Moi je dis : Infatiguables et vaillantes... Le séjour au nid des jeunes sera de 19 à 21 jours, puis les parents cesseront de les nourrir afin de les obliger à sortir du nid et prendre leur première leçon de vol. Pour cela les parents vont s'approcher d'eux avec des insectes sans les leur donner. Pris par la faim les jeunes vont s'approcher du bord du nid et brusquement les parents lanceront des cris d'alerte. L'émancipation aura lieu à partir du 35ème jour environ. L'envol se fera sous la surveillance des parents. Je me souviens d'avoir vu tout ceci étant enfant... quelle chance !!

L'hirondelle est une acrobate hors pair en vol. Tantôt planant, tantôt agitant vivement leurs ailes, les hirondelles savent virer avec la promptitude de l'éclair, monter, descendre, raser le sol, glisser à la surface de l'eau ou s'y plonger sans interrompre leur vol. La vitesse de vol d'une hirondelle est de 60km/h, mais en chasse, elle peut atteindre les 100 km/h.

Le cri de contact est un vitt ou tsivitt aigu ; l'alarme est une répétition de tsivitt nerveusement enchaînés. J'aime entendre ses cris les soirs de début d'été, ça me rappelle la lointaine époque où la période scolaire tochait à sa fin et où nous faisions du vélo après dîner puisque l'heure du coucher était plus tardive.

Chaque année les hirondelles reviennent et me ramène en enfance... aux plaisirs de mon enfance.